Bethléem : Basilique de la Nativité

Le petit village de Bethléem menait une vie agricole paisible et monotone jusqu’au jour où il fut le cadre de l’événement inouï qui le fit connaître à tout jamais du monde entier. Saint Luc en parle tout simplement: ‘"Tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte"</

Carte de la Terre Sainte telle que notre Seigneur la connut, avec les frontières actuelles superposées

Sur les traces de notre foi

Itinéraires en Terre Sainte

“Pour vous approcher du Seigneur à travers les pages du Saint Evangile, je vous recommande de faire toujours en sorte de vous trouver en situation, afin d’y participer comme un personnage de plus” (Amis de Dieu, 222). Benoît XVI a évoqué récemment le fait qu’on ait pu parler du “cinquième Évangile” en faisant allusion à la Terre sainte. En effet, Jésus est né à un moment précis, dans lieu concret, sur une frange de terre frontalière de l’empire romain. C’est là que le Seigneur vécut et se livra lui-même pour tous les hommes.

Téléchargements

Télécharger l'article en pdf (A4)

Télécharger l'article en pdf (A5)

Bethléem, berceau de la dynastie davidique

"Jésus est né à Bethléem, dans une grotte, parce que, dit l’Écriture, il n’y avait pas de place pour eux à l’hôtellerie'"(Cf. Forge, 274).

Lieu où Jésus est né. Photo: Darko Tepert (Wikimedia Commons).

On pense que Bethléem fut fondée par les Cananéens vers l’an 3000 avant Jésus-Christ. Les Philistins l’ont conquise par la suite. Dans la Sainte Écriture on fait pour la première fois allusion à Bethléem, appelée aussi Ephrata ou « la fertile », dans le livre de la Genèse lorsqu’on parle de la mort et de la sépulture de Rachel, la deuxième épouse du patriarche Jacob : Rachel mourut et fut ensevelie sur la route d’Ephrata, c'est-à-dire de Bethléem (Gn 35, 19).

Plus tard, lors du partage des terres parmi les tribus du peuple élu, Bethléem fut assignée à la tribu de Juda et devint le berceau de David, le petit berger, dernier enfant d’une famille nombreuse, choisi par Dieu pour être le deuxième roi d’Israël. À partir de ce moment-là, Bethléem fut rattachée à la dynastie davidique et le prophète Michée annonça que ce serait dans cette petite localité que naîtrait le Messie.

Et toi, Bethléem Ephrata, petite pour être entre les milliers de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit être dominateur en Israël, et ses origines dateront des temps anciens, des jours de l'éternité. C'est pourquoi il les livrera, jusqu'au temps où celle qui doit enfanter aura enfanté; et le reste de ses frères reviendra aux enfants d'Israël. Il se tiendra ferme, et il paîtra ses brebis, dans la force de Yahweh, dans la majesté du nom de Yahweh, son Dieu; et on demeurera en sécurité, car maintenant il sera grand, jusqu'aux extrémités de la terre ( Mi 5, 1-3).

Il y a dans ce texte plusieurs éléments concernant les prophéties messianiques d’Isaïe (Cf. Is 7, 14; 9, 5-6; 11, 1-4) et d’autres passages de l’Écriture où est annoncé un futur descendant de David (Cf. 2 S 7, 12; 12-16; Ps 89, 4). La tradition juive perçut dans les paroles de Michée une prophétie sur l’arrivée du Messie, comme plusieurs passages du Talmud (Jn 7, 42) l’indiquent. Dans son Évangile, saint Jean montre quel était l’avis prédominant des Juifs du temps de Jésus sur l’origine du Messie .L'Écriture ne dit-elle pas que c'est de la race de David, et du bourg de Bethléem, où était David, que le Christ doit venir? (Jn 7, 42).

Cependant, c’est l’Évangile de saint Matthieu qui cite explicitement la prophétie de Michée au moment où Hérode convoque les prêtres et les scribes pour leur demander où devait naître le Messie: " A Bethléem de Judée, lui dirent-ils ; ainsi, en effet, est-il écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n'es nullement le moindre des clans de Juda ; car de toi sortira un chef qui sera pasteur de mon peuple Israël (Mt 2, 5-6).

Retable au-dessus de l'endroit où Jésus est né. Photo: Leobard Hinfelaar.

Dieu naît à Bethléem

Au début du premier siècle , Bethléem était un village qui n’avait pas plus de mille habitants, vivant dans un ensemble de maisons éparpillées sur le flanc d’une colline et protégées par un rempart délabré, voire en bonne partie effondré puisqu’il avait été dressé presque mille ans auparavant. Ses habitants vivaient des produits de la terre et de l’élevage. Il y avait de beaux champs de blé et d’avoine sur la vaste plaine au pied de la colline: s’est sans doute ces cultures-là qui sont à l’origine du nom de Bet-Léjem, qui veut dire “Maison du pain” en hébreu. Des troupeaux de brebis paissaient dans les champs les plus rapprochés du désert.

Le petit village de Bethléem menait une vie agricole paisible et monotone jusqu’au jour où il fut le cadre de l’événement inoui qui le fit connaître à tout jamais du monde entier. Saint Luc en parle tout simplement:

Or, en ces jours-là, fut publié un édit de César Auguste, pour le recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville. Joseph aussi monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte (Lc 2, 1-5).

À peu près cent cinquante kilomètres séparaient Nazareth de Bethléem. Vu son état, ce voyage fut sans doute éprouvant pour Marie.

Les maisons de Bethléem était pauvres, et comme souvent ailleurs en Palestine, les habitants se servaient des grottes naturelles ou qu’ils creusaient eux-mêmes sur le flanc, pour stocker leurs produits ou protéger le bétail. C’est dans l’une de ses grottes que naquit Jésus.

Or, pendant qu'ils étaient là, le temps où elle devait enfanter s'accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l'emmaillota et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie (Lc 2, 6-7).

Autel des Rois Mages, en face de la mangeoire. Photo: Alfred Driessen

Un Enfant qui est Dieu

La Providence de Dieu avait tout disposé pour que Jésus, le Verbe fait chair, le Roi du monde et le Seigneur de l’histoire, naquit dans une pauvreté absolue. Il ne fut même pas entouré du minimum de confort qu’une famille pauvre aurait pu offrir tendrement à son fils premier-né: il ne disposa que de quelques langes et d’une mangeoire.

“Nous n’atteindrons jamais la vraie bonne humeur si nous n’imitons pas vraiment Jésus, si nous ne sommes pas, comme lui, entièrement humbles. J’insiste encore: avez-vous remarqué où se cache la grandeur de Dieu? Dans une mangeoire, dans quelques langes, dans une grotte. L’efficacité rédemptrice de notre vie ne peut se produire qu’avec l’humilité, quand nous arrêtons de penser à nous et que nous sentons la responsabilité d’aider les autres” (Saint Josémaria, Notes prises lors d’une méditation prêchée, 25 décembre 1972).

Lieu où Jésus est né. Photo: Antoine Taveneaux (Wikimedia Commons).

“De même que les aliments ont besoin d’être salés pour ne pas être insipides, l’humilité doit assaisonner toujours notre vie. Cette comparaison n’est pas de moi, les auteurs spirituels s’en sont servi depuis plus de quatre siècles: ne faites pas comme ces poules, qui, dès qu’elles ont pondu un oeuf, pavoisent en cacquetant partout dans la maison. Il faut travailler, faire un travail intellectuel ou manuel, toujours apostolique, avec de grandes intentions et de grands désirs, que le Seigneur transformera en réalités, de servir de Dieu et de passer inaperçus” (Saint Josémaria, Notes prises lors d’une méditation prêchée, 25 décembre 1972).

Bethléem et les premiers chrétiens

Les disciples du Seigneur et les premiers chrétiens ont été très conscients dès le départ de l’importance qu’avait prise Bethléem. Vers la moitie du II° siècle, saint Justin, originaire de Palestine, rapportait les souvenirs que les parents transmettaient à leurs enfants sur cette grotte, ayant servi d’étable, où était né Jésus (Cf. Saint Justin, Dialogue avec Triphon, 78, 5).

Dans les premières décennies du siècle suivant, Origène affirme que le lieu où le Seigneur naquit était parfaitement connu à la ronde, même parmi des non chrétiens. “En accord avec ce que les Évangiles en disent, on peut voir à Bethléem la grotte où naquit [Jésus] et dans cette grotte, la mangeoire où il fut couché enveloppé dans des langes. Ce que l’on voit en ces lieux est très connu même de ceux qui sont étrangers à la foi: c’est, dit-on, dans cette grotte qu’est né ce Jésus que les chrétiens admirent et adorent” (Origène, Contre Celse, 1, 51).

Sous l’empereur Hadrien, les autorités de l’Empire dressèrent des temples païens sur plusieurs enclaves chrétiennes, celles du Saint-Sépulcre et du Calvaire, par exemple, vénérées par les premiers chrétiens, afin d’effacer les vestiges du passage du Christ sur la terre. “Depuis les temps d’Hadrien jusqu’à l’empire de Constantin, sur cent quatre-vingts ans, à peu près, on vouait un culte à la statue de Jupiter sur le lieu de la résurrection et à une représentation de Vénus en marbre que les gentils avaient dressée sur le rocher de la croix. Les auteurs de la persécution pensaient sans doute que s’ils souillaient les lieux saints avec des idoles, ils feraient disparaître notre foi en la Résurrection et en la Croix” (Saint Jérôme, Lettres, 58, 3).

C’est quelque chose d’analogue qui se produisit sans doute à Bethléem puisque l’endroit où naquit Jésus devint un bois sacré en l’honneur du dieu Adonis.

Sur les murs et au sol, il y a encore des restes de mosaïques de la période byzantine . Photo: Alfred Driessen.

Saint Cyrille de Jérusalem découvrit le terrain où se trouvait la grotte enfoui sous les arbres(Saint Cyrille de Jérusalem, Catéchèse , 12, 20: «Il y encore peu d’années, c’était un lieu très boisé”), et saint Jérôme parle aussi, non sans ironie, de la tentative de paganiser la mémoire chrétienne: «Bethléem est désormais pour nous le lieu le plus auguste de la terre, celui dont parle le psalmiste pour dire: La vérité germera de la terre (Ps 84, 12), fut sous l’ombre du bois de Thamuz, c’est-à-dire d’Adonis, et dans la grotte où jadis le Christ émit ses premiers vagissements, on pleurait l’amant de Vénus » (Saint Jérôme, Ibid.).

Détail d'une mosaïque au sol. Photo: Leobard Hinfelaar.

Histoire de la Basilique de la Nativité

En s’appuyant sur cette tradition unanime et sans discontinuité, l’empereur Constantin fit construire une grande basilique sur la grotte: elle fut consacrée le 31 mai de l’an 339 et sainte Hélène qui avait encouragé avec détermination cette entreprise était présente à la cérémonie.

On n’a pas conservé grand chose de la basilique primitive qui fut mise à sac et détruite lors de la rébellion des Samaritains en l’an 529. La paix retrouvée, Bethléem fut fortifiée et l’empereur Justinien fit construire une nouvelle basilique sur les lieux de la première, mais beaucoup plus grande. C’est celle que nous connaissons aujourd’hui et qui a été préservée lors des invasions où furent détruits les autres temples constantiniens ou byzantins.

La porte a un mètre et demi à peine. photo: Leobard Hinfelaar

On dit que les Perses qui dévastèrent presque toutes les églises et les monastères de Palestine, respectèrent la basilique de Bethléem parce qu’ils y découvrirent une mosaïque avec les Rois Mages habillés à la mode de chez eux. De même, elle ne fut pratiquement pas touchée par l’incursion violente que le calife égyptien El Hakim fit en l’an 1009, ainsi que par les combats acharnés contre les Croisés arrivés en l’an 1099.

Après pas mal d’avatars historiques trop longs à décrire, ce fut en 1347 que l’on accorda aux Franciscains la garde de la Grotte et de la Basilique. Ils l’assument toujours mais avec les Orthodoxes grecs, syriens et arméniens qui ont aussi des droits dessus.

Escaliers de sortie de la grotte. Photo : Alfred Driessen.

L’extérieur de la basilique

De la place de la basilique, le visiteur a l’impression de se trouver face à une forteresse médiévale: des murs très épais, des contreforts, de toutes petites fenêtres, très rares. On y accède par une porte si petite que l’on ne peut la franchir qu’un par un et très difficilement: il faut beaucoup se pencher. Benoît XVI en a parlé, dans son homélie de Noël 2011:

« Celui qui aujourd’hui veut entrer dans l’église de la Nativité de Jésus à Bethléem découvre que le portail, qui un temps était haut de cinq mètres et demi et à travers lequel les empereurs et les califes entraient dans l’édifice, a été en grande partie muré. Est demeurée seulement une ouverture basse d’un mètre et demi. L’intention était probablement de mieux protéger l’église contre d’éventuels assauts, mais surtout d’éviter qu’on entre à cheval dans la maison de Dieu. Celui qui désire entrer dans le lieu de la naissance de Jésus, doit se baisser. Il me semble qu’en cela se manifeste une vérité plus profonde, par laquelle nous voulons nous laisser toucher en cette sainte Nuit : si nous voulons trouver le Dieu apparu comme un enfant, alors nous devons descendre du cheval de notre raison « libérale ». Nous devons déposer nos fausses certitudes, notre orgueil intellectuel, qui nous empêche de percevoir la proximité de Dieu.” (Benoît XVI, Homélie, 24 décembre 2011).

L’intérieur de la grotte de la Nativité

Avec une longueur de 54 mètres, la basilique a un plan en forme de croix latine et cinq nefs. Les quatre rangées de colonnes roses contribuent à cette harmonie. On peut encore percevoir quelques mosaïques de l’église primitive d’origine constantinienne Les murs portent aussi des fragments de mosaïques datant des temps des Croisades.

Ceci dit, le centre de cette grande église est la Grotte de la Nativité qui est située sous chœur. Elle a la forme d’une chapelle aux petites dimensions, avec une abside tournée vers l’orient. La fumée des cierges que la piété populaire a offerts durant des générations a noirci les murs et le plafond. Il y a un autel sous lequel se trouve une étoile en argent à la place où le Christ est né de la Vierge Marie. Hic de Virgine Marie Iesus Christus natus est, dit une inscription accolée.

Graphique adapté par Julián de Velasco

Nef centrale de la basilique . Photo: Leobard Hinfelaar

La crèche dans laquelle Marie coucha l’Enfant se trouve dans une petite chapelle adjacente. En réalité il s’agit d’un trou dans le rocher, bien qu’il soit aujourd’hui recouvert de marbre et qu’il le fut autrefois d’argent. En face, se dresse un autel appelé autel des Rois Mages, car il a un retable représentant la scène de l’Epiphanie.

Sur les murs et au sol , il y a encore des restes de mosaïques de la période byzantine. Photo: Leobard Hinfelaar

Grotte de la Nativité. Photo: Alfred Driessen

Le lieu de la naissance est indiqué par une croix en argent. Photo: Alfred Driessen

Lieu de la mangeoire. Photo: Alfred Driessen

D'autres information: Web de la Custode de Terre Sainte

Place devant la basilique de la Nativité photo: Leobard Hinfelaar