L’influence de l’Opus Dei

Les laïcs de l'Opus Dei occupant des postes influents dans la société espagnole, d’aucuns parlent de l'influence de l'Opus Dei en Espagne. Pourriez-vous nous dire ce qu’il en est exactement ?

Les laïcs de l'Opus Dei occupant des postes influents dans la société espagnole, d’aucuns parlent de l'influence de l'Opus Dei en Espagne. Pourriez-vous nous dire ce qu’il en est exactement ?

De même que pour l'ensemble de l'Église — âme du monde —, l'influence de l'Opus Dei sur la société civile n'est pas à caractère temporel, — social, politique, économique etc.— même si son empreinte est forte sur l’aspect éthique de toutes les activités humaines. Elle tient à un ordre différent et supérieur, bien spécifié par un verbe précis : sanctifier.

Et cela nous conduit à parler des personnes de l'Opus Dei que vous dites influentes. Pour une association à but politique déclaré, sont influents ceux de ses membres qui occupent un siège au Parlement ou au Conseil des Ministres. Si l'association est culturelle, les membres qui se sont fait un nom dans la philosophie, ou parmi les grands prix littéraires, etc. sont considérés influents. Si, comme c’est le cas de l’Opus Dei, l’association se propose en revanche de sanctifier le travail ordinaire de tout homme, qu’il soit manuel ou intellectuel, il faudra, bien évidemment, considérer que tous ses membres sont influents, puisqu’ils travaillent tous — l’appel au travail qui concerne tout être humain a dans l’Œuvre des incidences disciplinaires et ascétiques spéciales —et que tous essaient de réaliser leur travail — quel qu'il soit — saintement, chrétiennement, dans un désir de perfection. Aussi, pour moi, le témoignage d'un de mes enfants, mineur de fond, est-il tout aussi influent parmi ses collègues, aussi important et aussi nécessaire que celui d'un recteur d'université parmi les membres du corps professoral.

D'où vient donc l'influence de l'Opus Dei ? Du simple fait de la réalité sociologique que nous constatons, faite de gens de tous les bords, de tous les métiers ou professions, de tous les états civils : des femmes et des hommes, des prêtres et des laïcs, des vieux et des jeunes, célibataires et mariés, universitaires, ouvriers, paysans, employés, membres de professions libérales ou fonctionnaires, etc. Avez-vous pensé au rayonnement chrétien d’une gamme aussi large et aussi variée de personnes, se comptant en plus par dizaines de milliers et animées d'un même esprit apostolique: sanctifier leur profession ou leur métier —dans leur milieu social, quel qu’il soit, là où elles évoluent —, se sanctifier dans ce travail et sanctifier les autres par ce travail ?

À ces apostolats personnels, il faut ajouter la croissance de nos œuvres collectives d'apostolat: des foyers d'étudiants, des centres de rencontres, l’université de Navarre, des centres de formation pour ouvriers et paysans, des instituts techniques, des lycées, des écoles de formation pour la femme, etc. Il est incontestable que ces œuvres ont toujours été des foyers d'où rayonne l'esprit chrétien. Elles sont fondées par des personnes, dont c’est le travail professionnel, par des citoyens tout court, tout comme leurs collègues qui exercent la même tâche ou le même métier, et comme elles sont ouvertes à des personnes de tous bords et de tous milieux, elles ont sensibilisé de vastes couches de la société au besoin de donner une réponse chrétienne aux questions que leur pose l'exercice de leur profession ou de leur emploi.

C'est tout cela qui met en relief l'importance sociale à l'Opus Dei. Ce n’est pas le fait que certains de ses membres occupent des postes humainement influents, — cadet de nos soucis qui ne revient qu’au libre choix et à la responsabilité de chacun —, mais le fait que tous, — et la bonté de Dieu permet qu'ils soient nombreux—, accomplissent des tâches — y compris les plus humbles — porteuses d’une influence divine.

Et c’est dans la logique des choses : qui pourrait en effet se dire que l'influence de l'Église aux États-Unis a commencé le jour où fut élu président le catholique John Kennedy ?

Entretien avec mgr Escriva de Balaguer, 18