Le sacerdoce

Le 13 décembre prochain le pape François fêtera le 45ème anniversaire de son ordination sacerdotale. C’est une belle occasion de penser, au fil des paroles d’une homélie de saint Josémaria, au don du sacerdoce dans l’Église pour rendre grâces à Dieu pour notre Pape et pour tous nos prêtres.

Le 13 décembre prochain le pape François fêtera le 45ème anniversaire de son ordination sacerdotale. C’est une belle occasion de penser, au fil des paroles d’une homélie de saint Josémaria, au don du sacerdoce dans l’Église pour rendre grâces à Dieu pour notre Pape et pour tous nos prêtres.

Jorge Maria Bergoglio fut ordonné prêtre le 13 décembre 1969.

Le sacrement de l’ordre imprime un caractère indélébile dans l’âme de ceux qui le reçoivent qui sont consacrés comme de vrais prêtres à l’image du Christ, souverain prêtre éternel.

Ils sont ordonnés pour prêcher l’Évangile et pour célébrer le culte divin, l’Eucharistie essentiellement. Ils pardonnent les péchés dans l’exercice du sacrement de réconciliation ou de confession, ils soulagent les malades par le sacrement de l’Extrême Onction. Ils présentent à Dieu le Père les nécessités et les prières des fidèles. Ils rassemblent la famille de Dieu et la conduisent vers Dieu le Père par le Christ, dans l’Esprit-Saint.

(Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, 1536-1600)

Saint Josémaria, dans son homélie “Prêtre pour l’éternité” parle de la Sainte Messe, de la nature du sacerdoce catholique, de sa dignité, de sa nécessité et du rapport, dans l’Église, des prêtres et des laïcs.

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Le sacerdoce

Le sacerdoce conduit au service de Dieu dans un état qui, en soi, n'est ni meilleur ni pire que les autres : il est tout simplement différent. Ceci dit la vocation de prêtre revêt une dignité et une grandeur que rien sur terre ne saurait égaler.

Je demande à Dieu notre Seigneur d’accorder à nous tous, ses prêtres, la grâce de réaliser saintement les choses saintes, de refléter, en notre vie aussi, les merveilles des grandeurs du Seigneur.

Les fidèles tiennent à ce que ce caractère sacerdotal soit nettement marqué : ils attendent du prêtre qu’il prie, qu’il ne refuse pas l’administration des Sacrements, qu’il soit prêt à accueillir tout le monde sans prétendre être le chef ou le partisan d’une faction humaine quelconque. (Décret Presbyterorum Ordinis, n. 6), qu’il montre son amour et sa dévotion à la célébration de la Sainte Messe, qu’il soit assis au confessionnal, qu’il console les malades, les affligés, qu’il fasse le catéchisme aux enfants et aux adultes, qu’il prêche la Parole de Dieu et qu’il soit un conseiller plein de charité auprès des nécessiteux. Autrement dit, on demande au prêtre d’apprendre à ne pas déranger la présence du Christ en lui, spécialement lorsqu’il réalise le Sacrifice du Corps et du Sang, et lorsqu’au nom de Dieu, à la Confession sacramentelle auriculaire et secrète, il pardonne les péchés. L’administration de ces deux sacrements est si capitale dans la mission du prêtre que tout le reste doit tourner autour.

Cent pour cent prêtres

Leur compétence dans les différentes branches du savoir humain, — l’histoire, les sciences naturelles, la psychologique, le droit, la sociologie— qui font nécessairement partie de leur mentalité laïque, ne doit cependant pas les présenter comme des prêtres-psychologues, des prêtres-biologistes ou des prêtres-sociologues. Ils ont reçu le Sacrement de l’Ordre pour être, ni plus ni moins, que des prêtres, cent pour cent prêtres. Il se pourrait que, dans toutes ces questions temporelles et humaines, ils soient plus calés que beaucoup de laïcs. Ceci dit, dès qu’ils deviennent des membres du clergé, ils mettent de bon gré en sourdine cette compétence pour ne faire que s’affermir dans la prière continuelle afin de ne parler que de Dieu, de prêcher l’Évangile et d’administrer les Sacrements.

Un nouveau travail professionnel

C’est, pour ainsi dire, leur nouveau travail professionnel auquel ils vouent toutes les heures de leur journée, toujours peu. En effet, il leur faut étudier constamment la science de Dieu, orienter spirituellement tant d’âmes, écouter beaucoup de confessions, prêcher inlassablement et beaucoup, beaucoup prier avec leur cœur toujours rivé au tabernacle où est réellement présent celui qui nous a choisis pour que nous lui appartenions en un don de nous merveilleux et réjouissant, en dépit des contradictions qui ne sauraient manquer à personne.

S’agit-il d’un renoncement ?

Je vous disais que mes considérations risquent d’être hautement étonnantes. D’aucuns vont sans doute se dire : pourquoi renoncer à tant de choses légitimes et bonnes, à une activité professionnelle plus ou moins brillante, à une influence chrétienne, à être un exemple dans la société dans le cadre de la culture profane, de l’enseignement, de l’économie, de toute autre occupation citoyenne ?

D’autres penseront que de nos jours, en pas mal d’endroits, siffle le serpent d’une désorientation notoire sur la figure du prêtre. On ‘bavasse’ à propos d’une recherche d’identité et on remet en question le sens qu’il faut donner, dans nos circonstances actuelles, au don de Dieu dans le sacerdoce. Finalement, par les temps qui courent où les vocations sacerdotales se font rares, on pourrait aussi être surpris de voir qu’elles surgissent parmi des chrétiens qui avaient déjà réglé, grâce à un travail personnel exigeant, leur situation de travail dans le monde.

Je comprends cet étonnement, mais je ne serais pas sincère si je disais que je le partage. Ces hommes qui, librement, parce que ‘ça leur chante’ — raison surnaturelle s’il en est— embrassent le sacerdoce, savent bien qu’ils ne renoncent à rien dans le sens normalement accordé au mot renoncement.

La sainteté pour tous

La nature du fidèle chrétien est une et la même chez les prêtres et chez les laïcs puisque Dieu Notre Seigneur nous a tous appelés à la plénitude de la charité, à la sainteté : Béni soit le Dieu et Père de Notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a comblés en Christ de toute sorte de bénédictions spirituelles du Ciel ; tout comme par Lui aussi, il nous a choisis dès avant la création du monde pour être saints et sans tâche en sa présence par la charité (Ep. 1, 3-4).

Il n’y a pas de sainteté de deuxième rang: ou bien notre lutte pour être en grâce de Dieu et nous configurer au Christ est constante, ou bien nous désertons ce champ de bataille divin. Le Seigneur nous invite tous et chacun de nous à nous sanctifier dans notre état.

La sainteté ne dépend pas du fait d’être célibataire, marié, veuf ou prêtre, mais de la réponse personnelle à la grâce qui nous est accordée à tous pour que nous apprenions à écarter de nous les œuvres des ténèbres, afin de revêtir les armes de la lumière, de la sérénité, de la paix, du service sacrifié et joyeux à l’humanité toute entière. (Cf. Rom XIII, 12).

Dignité du sacerdoce

Sainte Catherine de Sienne fait dire à Jésus-Christ : Je ne veux pas que la révérence due aux prêtres soit amoindrie puisque cette révérence et ce respect ne leur est pas voué à eux mais à Moi, en vertu du Sang que je leur ai confié pour qu’ils l’administrent. N’était-ce cela, vous devriez avoir envers eux les mêmes égards que vous avez envers les laïcs, pas plus. On ne doit pas les offenser car en les offensent c’est Moi que l’on offense. Aussi l’ai-je interdit et ai-je disposé que mes Christs ne soient pas atteints. (Santa Catalina de Siena, El Dialogo cap. 116; Cfr. Ps CIV, 15).

Identité du sacerdoce

D’aucuns s’évertuent à chercher ce qu’ils appellent l’identité du prêtre. Qu’ils sont alors éclairants ces propos de la Sainte de Sienne! Quelle est donc l’identité du prêtre ? Celle du Christ. Les chrétiens nous pouvons tous et nous devons tous être non seulement alter Christus mais, d’autres Christs, le Christ lui-même. Or c’est ce qui se produit immédiatement chez le prêtre, de façon sacramentelle.

C’est pour réaliser la grande œuvre de la Rédemption que le Christ est toujours présent dans l’Église, essentiellement dans les actes liturgiques.

Il est présent au Sacrifice de la Messe, aussi bien en la personne du Ministre — ‘en s’offrant désormais par le ministère des prêtres, il est le même qui s’offrit sur la Croix’— que surtout sous les espèces eucharistiques (Concile Vatican II, Const. Sacrosantum Concilium 7; Cf. Concile de Trente, Doctrine sur le Saint Sacrifice de la Messe, ch. 2).

Quelle est donc l’identité du prêtre ? Celle du Christ

Le sacrifice de la Messe

Par le sacrement de l’Ordre, le prêtre est effectivement en mesure de prêter sa voix à Notre Seigneur, ses mains, tout son être. C’est le Christ qui, à la Sainte Messe, avec les paroles de la Consécration, change la substance du pain et du vin en son Corps, son Âme, son Sang et sa Divinité.

Quelle est alors l’identité du prêtre? Celle du Christ.

C’est là le fondement de l’incomparable dignité du prêtre. Une grandeur d’emprunt, compatible avec ma petitesse. Je demande à Dieu notre Seigneur d’accorder à nous tous, ses prêtres, la grâce de réaliser saintement les choses saintes, de refléter, en notre vie aussi, les merveilles des grandeurs du Seigneur. Nous qui célébrons les mystères de la Passion du Seigneur, nous sommes tenus d’imiter ce que nous faisons. L’hostie prendra alors notre place devant Dieu si nous devons des hosties nous-mêmes (Saint Grégoire le Grand, Dialog. 4, 59).

Ne pas juger

S’il vous arrivait de trouver un prêtre qui, extérieurement, ne semblait pas vivre en conformité avec l’Évangile, — ne le juge pas, c’est Dieu qui juge—, sachez que s’il célèbre validement la Sainte Messe en ayant l’intention de consacrer, Notre Seigneur ne manque pas de descendre dans ses mains, pour indignes qu’elles soient. Y a-t-il un plus grand don de soi, un plus grand anéantissement ? Plus qu’à Bethléem et qu’au Calvaire. Pourquoi ? Parce que le Coeur du Christ est oppressé par sa soif de rédemption, parce qu’il ne veut pas que qui que ce soit se dise qu’il n’a pas été appelé, parce qu’il se laisse trouver par ce qui ne le cherchent pas.

Il est Amour! Il n’y a point d’autre explication. Que les mots sont pauvres pour parler de l’Amour du Christ! Il s’abaisse en tout, il admet tout, il s’expose à tout, aux sacrilèges, aux blasphèmes, à la froideur, à l’indifférence de tant de gens, pourvu d’offrir ne serait-ce qu’à un seul homme, la possibilité de découvrir les battements de ce Cœur sous les plaies de sa poitrine blessée.

La Sainte Vierge et le prêtre

Voilà l’identité du prêtre: il est l’instrument immédiat et quotidien de la grâce salvifique que le Christ a gagnée pour nous. Si l’on comprend cela, si on l’a médité dans le silence actif de l’oraison, comment pourrait-on se dire que le sacerdoce est un renoncement ? C’est un gain impossible à chiffrer. Notre Mère Sainte Marie, la plus sainte des créatures, — il n’y a que Dieu au dessus d’Elle— a mis une seule fois Jésus au monde. Les prêtres le font venir tous les jours sur notre terre, dans notre corps, en notre âme: le Christ vient pour nous nourrir, nous vivifier, pour être désormais le gage de notre vie future.

Homélie "Prêtre pour l’éternité” que le fondateur de l’Opus Dei fit le 13 avril 1973.