Veiller sur le monde créé par Dieu

Dès le début de la Création, l’homme a dû travailler. Ce n’est pas moi qui l’invente. Il suffit d’ouvrir la sainte Bible. Dès les premières pages — avant même que le péché ne fasse son apparition dans l’humanité et, en conséquence de cette offense, la mort, les souffrances et les misères —, on peut y lire que Dieu fit Adam avec la glaise du sol et créa, pour lui et pour sa descendance, ce monde si beau ut operaretur et custodiret illum, pour qu’il le travaillât et en fût le gardien.

Cette obligation n’est pas une séquelle issue du péché originel ; ce n’est pas davantage d’une trouvaille des temps modernes. Il s’agit un moyen nécessaire que Dieu nous confie sur cette terre, en dilatant nos jours, et en nous faisant partager son pouvoir créateur,

Amis de Dieu, 57

À la Sainte Messe

Lorsque je célèbre la Sainte Messe avec mon seul servant, le peuple m’entoure aussi. Je sens près de moi tous les catholiques, tous les croyants et tous ceux qui ne croient pas. Je sens près de moi toutes les créatures de Dieu, de la terre, du ciel et de la mer, et les animaux, et les plantes, la Création toute entière qui rend gloire à Dieu.

Aimer l’Église, 44.

Afin de libérer la Création du désordre

Rien ne peut être étranger au souci du Christ. Pour parler en toute profondeur théologique, sans se limiter à un classement fonctionnel, en toute rigueur, on ne peut pas dire qu’il y ait des réalités — bonnes, nobles, voire indifférentes — qui soient exclusivement profanes, dès lors que le Verbe de Dieu a fixé sa demeure parmi les enfants des hommes, qu’Il a eu faim et soif, qu’Il a travaillé de ses mains, qu’Il a connu l’amitié et l’obéissance, qu’Il a éprouvé la douleur et subi la mort. Car chez le Christ, Dieu s’est plu à faire habiter en Lui toute la Plénitude et par Lui à réconcilier tous les êtres pour Lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix.

Nous devons aimer le monde, le travail, les réalités humaines, car le monde est bon; ce fut le pêche d’Adam qui brisa la divine harmonie de tout le crée. Mais Dieu le Père a envoyé son Fils unique pour rétablir cette paix, afin que nous, devenus ses enfants d’adoption, nous puissions libérer la création du désordre et réconcilier toutes choses avec Dieu.

Quand le Christ passe, 112

Notre foi nous apprend que la création tout entière, le mouvement de la terre et des astres, les actions droites des créatures et tout ce qu’il y a de positif dans le devenir de l’histoire, en un mot tout vient de Dieu et est ordonné vers Lui.

L’action du Saint-Esprit peut passer inaperçue, parce que Dieu ne nous fait pas connaître ses plans et parce que le péché de l’homme trouble et obscurcit les dons divins. Mais la foi nous rappelle que le Seigneur est constamment à l’oeuvre. C’est Lui qui nous a créés et nous maintient dans l’être. C’est Lui qui, par sa grâce, conduit la création tout entière à la liberté de la gloire des enfants de Dieu

Quand le Christ passe, 130

Pour restaurer l’harmonie de tout le créé

C’est précisément, parce que nous sommes enfants de Dieu que nous sommes aussi poussés à contempler avec amour et admiration toutes les choses qui ont jailli des mains de Dieu, le Père Créateur. Aussi, sommes-nous des contemplatifs au milieu du monde, en aimant le monde.

Une fois arrivée à la plénitude des temps, Dieu le Père envoya son Fils Premier-Né dans le monde pour y rétablir la paix; afin que, l’homme une fois racheté du péché, adoptionem filiorum reciperemus, nous soyons constitués fils de Dieu, libérés du joug du péché, rendus capables de participer à l’intimité divine de la Sainte Trinité. Aussi est-il devenu possible à cet homme nouveau, à cette nouvelle greffe des enfants de Dieu, de libérer la création tout entière du désordre, en restaurant toutes choses dans le Christ, qui les a réconciliées avec Dieu.

Le Seigneur nous appelle pour que nous nous approchions de Lui, en désirant être comme Lui. Chercher à imiter Dieu, comme des enfants bien aimés, en collaborant humblement, mais avec ferveur, à la divine résolution de rassembler ce qui est brisé, de sauver ce qui est perdu, d’ordonner ce que l’homme pécheur a désordonné, de ramener vers son but ce qui s’est égaré, de rétablir la divine harmonie de tout le crée.

Quand le Christ passe, 65

Responsabilité personnelle du chrétien

La contribution spécifique des laïcs à la sainteté et à l'apostolat de l'Église est leur action libre et responsable au sein des structures temporelles, en y portant le ferment du message chrétien. Le témoignage de vie chrétienne, la parole qui éclaire au nom de Dieu, et l'action responsable, au service les autres en contribuant à la solution des problèmes communs, voilà autant de manifestations de cette présence par laquelle le chrétien ordinaire accomplit sa mission divine.

Depuis de très nombreuses années, depuis la date même de la fondation de l'Opus Dei, j'ai médité et fait méditer les paroles du Christ que nous rapporte saint Jean : et ego, si exaltatus fuero a terra, omnia traham ad meipsum (Jn 12, 32). Le Christ, en mourant sur la Croix, attire à Lui la création tout entière et, en son nom, les chrétiens, qui travaillent au milieu du monde, ont à réconcilier toutes les choses avec Dieu, et à placer le Christ au sommet de toutes les activités humaines.

Entretiens, 59