Une seule marmite

María Marta a sept enfants. Cette année, Pablo, l’un de ses sept, a été ordonné prêtre. Tous les deux ont le même objectif dans la vie: devenir saints. Dans cette interview mère et fils répondent aux questions à propos de cet idéal qu’ils tentent d’atteindre, de la main de saint Josémaria.

María Marta et Laureano se sont mariés à Buenos Aires en 1972.

Elle avait fait des études pour travailler dans le secteur du tourisme, et elle change a de cap pour élever ses sept enfants.

Désormais, elle travaille dans un lycée, au service de la promotion. Cette année, Pablo, l’un de ses sept enfants, a été ordonné prêtre. Tous les deux ont le même objectif dans la vie : devenir saints. Dans cette interview mère et fils répondent aux questions à propos de cet idéal qu’ils tentent d’atteindre, de la main de saint Josémaria.

Une seule marmite

Saint Josémaria aimait dire qu’il n’avait qu’une « seule marmite pour tous », dont le contenu est la recherche de la sainteté au cœur des tâches ordinaires. Tous dans la famille peuvent y plonger leur cuiller : le père, la mère de famille, l’ingénieur, l’avocat, l’ouvrier ainsi que le prêtre. C’est ce dont parle don Pablo :

« Chez moi on a toujours eu le même plat pour tous. Je crois que dans la vie chrétienne c’est un peu comme ça. On reçoit tous la même nourriture : la prière, les sacrements. Je n’ai jamais été étonné de voir que mes parents priaient, étaient pieux car j’aimais bien leur confiance en Dieu. Je n’ai su que très tard qu’ils consacraient tous les jours un moment à la prière. C’est à eux que je dois les quatre-vingt-dix pour cent de ma vocation. Désormais, je suis prêtre et je compte bien m’appuyer sur le bon Dieu comme ils l’ont fait eux-mêmes. Autrement, je serai perdu »

La famille « au complet » après l’ordination sacerdotale de Pablo.

Réponses en « stéréo »

- Qu’est-ce pour vous que la sainteté dans la vie ordinaire ?

María Marta: Sanctifier le travail c’est le faire pour Dieu et le lui offrir quand il me plaît aussi bien que quand il me fatigue et que je laisserai tout tomber… Je tâche alors de le finir parce que Jésus le fit ainsi pour moi : de temps en temps, je regarde mon crucifix sur ma table et je lui dis : aide-moi dans cette affaire qui m’occupe. Sanctifier le travail c’est travailler avec Dieu.

Don Pablo: Je sais qu’en tant que prêtre, mon travail dépend de Dieu. Cependant, je dois lutter pour que mes défauts ne soient pas un obstacle. Il s’agit de bien suivre la recette. La marmite est à Dieu mais si je me laisse aller à la paresse, au caprice, aux mauvais penchants de mon caractère… la marmite crame et la fête est finie. Si je lutte pour être ponctuel, pour apprendre, pour étudier, pour sourire, la « tambouille » est de Dieu et elle est très bonne, les gens en redemandent ! Ma recette est dans l’Évangile et c’est Saint Josémaria, un « chef » étoilé, qui m’apprend à la faire.

María Marta avec deux de ses six petits enfants

-Saint Josémaria assurait qu’il n’y a pas de saint sans prière. Comment concrétisez-vous cela au jour le jour ?

Don Pablo: Je tâche d’être « pieux », non pas parce que j’aime prier, mais parce que j’aime me rapprocher de plus en plus de Dieu. J’ai eu l’occasion de voir des vidéos où saint Josémaria parlait de Jésus et disait combien il l’aimait, tout comme la Vierge Marie et saint Joseph. Il tâchait de découvrir ce qui leur plaisait et agissait en conséquence.

Aussi, je m’entretiens avec Jésus très tôt le matin et je me prépare à dire ma Messe : je tiens à lui montrer qu’il est le premier servi. Ensuite il s’agit de travailler avec ordre et méthode pour mieux tirer profit du temps, toujours limité. Je dis la liturgie des heures. Plus tard dans la journée, je dis mon chapelet et le parle à la Sainte Vierge des gens que j’aime, du pape, de l’Église. Dès que je peux j’en dis un autre car Elle en fait plus que moi dans ces dix minutes que je lui consacre.

María Marta: Je tâche de parler avec Dieu durant la journée. Concrètement, quand je me lève le matin, je lui offre ma journée. Durant mon trajet pour aller au lycée, je dis mon chapelet. Quand j’arrive à l’école, je vais à la chapelle pour y faire un moment d’oraison avant la Messe. C’est le meilleur moment de la journée. À midi, je dis l’Angélus avec mes collègues. Ensuite, après le déjeuner, je vais saluer Jésus dans le tabernacle et sur mon trajet du retour, je contemple les mystères du rosaire que je n’ai pas vus le matin. En fin de soirée, je fais un moment de lecture spirituelle et juste avant de me coucher, un petit examen de conscience, puis quelques ave marias… et au lit.

- L’objectif est très élevé, comment ne pas se décourager ?

Au centre, Laureano, avec ses six garçons. Il n’y a ni Maria Marta, la maman, ni Maria, leur seule fille.

María Marta: Avec la confession. Combien de fois je lui demande pardon ?

Des milliers de fois par jour, mais je me confesse une fois par semaine. La confession m’aide énormément à me simplifier et à tourner la page. J’y retrouve le courage pour la suite.

Don Pablo: Je tâche de me confesser toutes les semaines. Je pense que si j’étais marié, il faudrait que je demande encore plus souvent pardon à quelqu’un. Je suis loin d’être un saint et Dieu est un « saint » avec moi. Comment ne pas lui demander pardon pour mon manque de générosité ? Je pense que c’est la moindre des choses. Chaque fois que je me confesse, je suis « revigoré » par sa patience et par son immense amour.

-Votre vie est donc en mesure d’être partagée

María Marta: En effet. En réalité je ne fais rien de « spécial » pour que mes amies se rapprochent de Dieu. Je tâche d’être une bonne amie, voilà tout. Un prêté pour un rendu, souvent. Nous parlons de nos affaires, de la façon d’envisager nos problèmes. Avec Dieu la vie devient plus simple, et je comprends que je peux les aider en partageant ma foi avec elles, en leur disant ce qui peut leur être utile. Elles savent que je passe des moments à parler avec Dieu et parfois j’invite l’une ou l’autre à m’accompagner. Je peux leur parler alors de ma façon de prier ou du livre qui m’aide en ce moment.

Don Pablo: Lorsque qu’on est près de Dieu, le fait de savoir qu’il y a des gens qui ne le connaissent pas vous ronge.

Aussi, je lui demande tout d’abord de faire en sorte que beaucoup de gens qui s’approchent de lui. J’aimerais que Jésus-Christ soit connu jusqu’au dernier coin de la Chine. Alors je tâche d’être de plus en plus près de Dieu tous les jours et j’en profite à la Messe (là aussi j’atteins la Chine). Puis, je m’efforce d’être un meilleur ami de mes amis, de prendre du temps pour les voir, de savoir quels sont leurs soucis et des les aider comme ils m’aident moi aussi.

Le reste c’est l’affaire du bon Dieu et de chacun de nous. En Argentine nous disons que « les gens ne mangent pas du verre » pour dire qu’ils ne sont pas sots et qu’ils savent ce qui vaut la peine. Tous veulent être heureux et le bon Dieu sait ce qu’il y a de meilleur pour chacun.

- Quel est le point du message de saint Josémaria qui vous a le plus attiré ?

María Marta: J’avais 19 ans lorsqu’une amie, plus âgée que moi et qui avait de gros soucis familiaux, me fit connaître l’Opus Dei. En dépit de tout, elle ne perdait jamais la joie. Puis, elle travaillait beaucoup et priait pas mal. C’est elle qui m’apprit à réserver tous les jours un temps pour l’oraison. Avec sa vie, elle me fit comprendre que s’engager à être sainte, une bonne fille de Dieu, était compatible avec une vie de femme mariée, avec des enfants, conciliable avec le travail, les amis, le sport, et que l’on pouvait être gaie malgré la souffrance.

Don Pablo: Je n’avais que quatorze ans et je crois que plus que le message ce furent les personnes qui m’attirèrent alors. Mes parents m’avaient toujours appris à dire bonjour aux parents des amis qui m’invitaient. Quand j’ai mis les pieds pour la première fois dans un centre de l’Opus Dei, on m’a demandé si je voulais dire bonjour au « maître de maison ». Bien entendu, ai-je répondu, en pensant au directeur. Or on me conduisit à la chapelle, Jésus-Christ y était dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Et j’ai rencontré des gens ordinaires qui croyaient à ce qu’ils disaient et qui voulaient en vivre. J’ai compris qu’ils fréquentaient le bon Dieu de très près. Puis j’ai eu l’occasion de mieux connaître saint Josémaria, un vrai père. Il était comme tout le monde, et très saint en même temps. Avec Dieu tout est possible.